Samedi 22
octobre, j’ai eu ma première réunion avec les jeunes. 13 invités, avec leurs
parents, à 17h. Je suis arrivée bien en avance pour préparer la salle, le thé,
et les petits gâteaux. Deux heures plus tard, l’Abdi était toujours en train de
faire le pied de grue devant la porte, la petite voix de Rachel en tête
(« tu sais, c’est le Pérou, les rendez-vous c’est un peu compliqué
ici… »). Puis tout à coup, un léger toc-toc m’a tiré de mes rêveries.
Ouais ! Une jeune ! Melania avait fait le déplacement. Après avoir pris
un thé en attendant les autres – hum, hum… - nous avons décidé de commencer. Un
petit questionnaire, un petit selfie (bah oui, elle a quand même 15 ans ‘faut
pas déconner !), et voilà Flor de Maria, sa copine, qui arrive. Chouette,
elles ont l’air motivé ces deux-là ! Quelques doutes au niveau de leur
orientation, mais de bons résultats à l’école et la motivation de continuer en
études supérieures.
Les deux premières participantes répondant aux questionnaires |
Et faisant leur test d'orientation! |
Quelques heures plus tard, c’est la sœur de Melania, Marily
qui est arrivée en rentrant directement du travail. Elle a 18 ans, a terminé l’école secondaire
en décembre dernier et travaille pendant un an au marché de l’Avelino pour
mettre de l’argent de côté afin de pouvoir rentrer à l’université en mars
prochain. Cursus et université déjà choisis, voici un autre cas de
figure ! Résultats des choses à faire : deux test de vocation avec les
plus jeunes, et une visite de l’université San Agustin avec l’aînée. Cette
première réunion a attiré peu de personnes, mais la rencontre a été
intense !
Lundi, je suis
allée rencontrer à la mairie de Mollebaya une dame du service social pour des
questions administratives concernant bourses et classes sociales. Après avoir
discuté avec elle, nous avons découvert que 4 jeunes filles du collège voisin
étaient éligibles pour la bourse Beca 18 (qui paye absolument TOUS les frais –
inscriptions, matériels, nourriture, transports, logement… : le pied
quoi !). C’est ainsi que je me suis décidée à aller les chercher dans leur
collège pour leur en parler, et pour leur présenter K’iranakuy. Le directeur a
été très coopératif (il ne le sait pas, mais je connaissais déjà sa voix, pour
avoir utilisé dans mon mémoire l’interview que Rachel a mené avec lui.. !)
et m’a prêté la chapelle du collège pour que je discute avec les filles (oui,
assez cocasse !). Elles se sont montrées très intéressées par le
projet ! Du coup, je leur ai donné rendez-vous ce samedi 29 pour qu’on
fasse plus ample connaissance et qu’on établisse la liste de leurs
besoins !
La cour du collège Obdulio Barriga Vizgarra à Mollebaya |
Les rues de Mollebaya |
Devant le collège. La combi!! Attendez-moi j'arrive!! |
Mollebaya |
La mignonnette place centrale de Mollebaya avec une jolie église - bonne surprise! |
Dans le 6ème bus de la matinée, retour à la maison. |
J’ai
ré-invité les absents de samedi dernier, nous verrons bien qui pointera le bout
de son nez cette fois !
***
Et bien voilà,
une semaine plus tard me revoilà avec mon thé à la cannelle et mes petits
biscuits. Seule… Une demi-heure passe, je décide d’aller toquer aux portes. Un
gros chien manque de me sauter dessus du toit d’une maison, je décide de ne
plus aller toquer aux portes.
Une demi-heure
passe de nouveau… Hum, hum… Je passe un petit coup de fil à Gery, une jeune du
collège rencontrée le lundi d’avant. Ah ! Sa sœur me dit qu’elle est en
route ! Quelques instants plus tard, c’est Carolina et Andrea que je vois
passer devant la grille ! Cool, des gens ! Gery arrive peu après avec
sa grand-mère. J’étais très contente qu’un adulte fasse le déplacement. Sans
plus attendre, j’ai présenté le projet, et mes nouveaux objectifs.
Ah oui, je
ne vous ai pas dit, mais ils ont un tantinet changés ceux-là en l’espace d’une
semaine. Avec Rachel, nous avons redéfini clairement les activités que je vais
développer ici. Nous avons décidé de ne pas perdre de temps à la création
officielle du projet, sachant qu’en janvier aucune d’entre nous ne sera
disponible pour être sur place. Nous remettrons donc cette étape administrative
à plus tard. Pour l’heure, il s’agit de mener jusqu’au 17 décembre la fin du
projet pilote. Qui dit projet pilote, dit projet sur un court terme, avec
évaluation des résultats obtenus en fin de période. Devant le manque de suivi
auquel on va devoir faire face dès mon départ et ce pour quelques mois, il nous
est paru compliqué de commencer le programme des tuteurs, programme qui nécessite une forte coordination
et un suivi régulier. Alors, qu’est-ce que je fais moi maintenant ? J’avoue
que j’ai bien eu quelques jours de flottement, à me demander un peu ce que je
faisais là… L’enseignement me manquant beaucoup, j’ai décidé d’aller visiter
une école Steiner avec une amie française, mais passons, j’en ferai un petit
topo une autre fois. Je divague, je divague. Où en étais-je ? Ah oui. Perdue,
l’Abdi. Alors on a pris le taureau par les cornes, et on a revu nos objectifs,
sur du court terme ; une action moins ambitieuse mais tout aussi
importante. Axons-nous sur l’information : dans les écoles et dans la zone
de San Isidro. Au programme jusqu’à la date d’expiration del Proyecto Piloto K’iranakuy :
visites d’université et d’institut, rencontres avec des professionnels,
rencontre avec des étudiants, ateliers de méthodologie pour étudier plus
efficacement, atelier pour postuler à un travail/à un stage par email, test d’orientation,
et information et création de dossiers pour postuler à la Beca 18. Une activité
par semaine dans chaque collège et le week-end à la Casa Intiwawa pour les
jeunes de la zone de San Isidro qui ne sont pas scolarisés dans les collèges
partenaires du programme.
Ah ! Voilà
qui est plus clair ! Demain et après-demain, je rencontre les professeures
principales des collèges pour qu’on se mette d’accord sur le planning, et
ensuite il ne me reste plus qu’à coordonner tout ça ! Alors depuis que je
vois les tenants et les aboutissants, je me sens mieux. 24 ans que je ne suis
incapable de faire quelque chose sans en saisir la finalité dans son ensemble,
c’est pas parce que je suis de l’autre côté de l’Atlantique que ça va changer,
hein ?! Chaque expérience est un pas vers soi-même. On ne cesse de se découvrir,
quand on dépasse les limites de la zone de confort. En parlant de confort, je
ne pense pas à la douche tiède qui donne des coups de jus une fois sur deux ou
au petit chien Locki qui laisse des petites surprises malodorantes devant la
porte de notre chambre. Non, l’humain est fait pour s’adapter à son
environnement et son niveau de confort matériel. Je me réfère plutôt au confort
mental. J’ai pris une douche froide en arrivant, rien à voir avec le
chauffe-eau un peu foireux de Martha. Puis j’ai analysé mes peines, et j’ai
réalisé qu’il me fallait un cadre. Un cadre bien tendu, bien net, bien clair. Avoir
un cadre pour s’épanouir, assez paradoxal. Mais rien ne sert de cacher le
naturel, il revient au galop. Maintenant que je suis bien confortablement
encadrée dans mon cadre, tout devrait cadrer !
Digression
passion. J’en reviens à ma réunion. Trois petits mecs sont arrivés un peu plus
tard (ah bah c’est pas dommage, on n’avait encore pas vu de représentant de la
gente masculine !). Alex, Mauricio et Hector se sont joints au groupe des
filles et ils ont tous réalisé un test d’orientation.
Alex est en dernière année de lycée, il veut étudier l’ingénierie informatique à l’université publique. Mauricio a 15 ans, il est en dernière année également mais ne sait pas du tout quoi faire par la suite. Il va donc falloir insister sur l’orientation dans son cas. Hector quand à lui a terminé le lycée l’an passé et est entré à l’université publique pour étudier l’informatique. Il souhaiterait maintenant étudier un deuxième cursus en parallèle : l'ingénierie des énergies renouvelables.
Les résultats les ont surpris, mais aussi inspirés pour certains. Ils ont l’humour facile, ces petits jeunes. Alex répondait au questionnaire que je lui ai donné quand il tombe sur la question « quel emploi voudrais-tu avoir plus tard ? ». Il m’appelle et me dit « Miss, moi je voudrais être voleur». Le petit plaisantin. Je lui réponds que je ne suis pas sûre qu’il existe de cursus universitaire pour cette spécialisation. Il renchérit « Ah non je me suis trompé, je voulais dire homme politique… c’est presque pareil ! ». Ahah, voilà un esprit bien aiguisé !
Alex est en dernière année de lycée, il veut étudier l’ingénierie informatique à l’université publique. Mauricio a 15 ans, il est en dernière année également mais ne sait pas du tout quoi faire par la suite. Il va donc falloir insister sur l’orientation dans son cas. Hector quand à lui a terminé le lycée l’an passé et est entré à l’université publique pour étudier l’informatique. Il souhaiterait maintenant étudier un deuxième cursus en parallèle : l'ingénierie des énergies renouvelables.
Les résultats les ont surpris, mais aussi inspirés pour certains. Ils ont l’humour facile, ces petits jeunes. Alex répondait au questionnaire que je lui ai donné quand il tombe sur la question « quel emploi voudrais-tu avoir plus tard ? ». Il m’appelle et me dit « Miss, moi je voudrais être voleur». Le petit plaisantin. Je lui réponds que je ne suis pas sûre qu’il existe de cursus universitaire pour cette spécialisation. Il renchérit « Ah non je me suis trompé, je voulais dire homme politique… c’est presque pareil ! ». Ahah, voilà un esprit bien aiguisé !
Les garçons réalisant leurs tests au rythme du hip-hop péuvien! |
Après avoir fini leurs tests et transformé la salle informatique de la Casa Intiwawa en scène d’improvisation de rap version 8 Miles Peruano (bah oui ils ont 15 ans, 'faut pas déconner!), nous nous sommes mis d’accord sur le programme de la semaine à venir. Atelier sur l’email : comment créer son compte, comment l’utiliser, et comment écrire un mail officiel. Rendez-vous mercredi après-midi et samedi matin !
Trop génial,on veut savoir la suite!!
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