lundi 22 février 2016

Meditacija meditacija...

Dès mon arrivée à l'école, une chose m'a interpellée: ici, les enfants méditent. Et les professeurs aussi d'ailleurs. Avant de se lancer dans l'effervescence de la journée, chacun se pose 20 minutes dans un coin, les yeux fermés, la respiration lente et profonde, les idées reposées. Une petite parenthèse dans une vie qui va vite, un petit temps comme ça, rien que pour soi. 
Depuis que j'ai découvert la sophrologie à l'ESPE l'an dernier, je suis très intéressée par ce genre d'activités. Consciente du bien qu'elles apportent, je suis très contente de voir ce genre d'initiatives dans une structure scolaire! Les enfants sont très réceptifs, et l'efficacité n'est plus à prouver (quand on demande à Ethan s'il a changé depuis qu'il médite, il répond "je m'énerve moins avec les professeurs!"... c'est gagnant-gagnant alors!).
La méditation, c'est bien, mais c'est pas si facile! J'ai eu la chance d'être initiée par Dejna, notre maîtresse en la matière, dès mon arrivée ici. J'ai fait ma cérémonie dans la foulée. Pour se faire, j'ai du apporté 4 fleurs, 3 fruits, et un tissu blanc... Intrigant, n'est-ce pas? Ca sentait l'encens, c'était un doux moment. Dejna a vécu 6 mois en Thaïlande, quelque part dans la jungle, pour recevoir l'enseignement de la méditation. Elle est la référente officielle de la Méditation Transcendantale ici en Bosnie-Herzégovine.
Ci-dessous une série de photos de nos séances, élèves et professeurs all together!




jeudi 18 février 2016

Friends & Rock'n Roll

Si mes semaines sont bien remplies, et bien mes week-ends aussi figurez-vous! L'avantage d'une petite ville, c'est qu'on s'habitue rapidement et que se faire des amis n'est pas chose difficile! Ci-dessous quelques clichés pour vous donner un petit goût de la nightlife Sarajevskienne !


Concert des PartiBrejkers (Party Breakers à dire avec un accent slave!)
les papys du rock serbe !




En haut de la plus haute tour de la ville...

... c'est joli !


Friends friends friends et pivo (bière)

Mon nouveau QG

Zlatna Ribica - le poisson rouge



Lundi matin, en attendant Claire pour monter à l'école...
 doux rayons de soleil sur la façade esquintée.

Dobra večer !

Mais quelle vie on mène ! Pas le temps de se poser quelques minutes pour écrire un petit article et partager des petits morceaux de vie bosnienne ! Alors ce soir c’est décidé, je m’y colle.

Cette semaine a été bien remplie ! Mardi une intervenante du lycée français est venue à l’école pour animer le projet pour le jour de la francophonie, qui aura lieu à la fin du mois de mars. Le thème : « des mots et des maux ». Mmh… pas très joyeux tout ça. Avec les professeurs francophones de l’école, nous avons décidé de participer avec tous nos P3. Nous avons axé leurs réflexions sur les clichés et les discriminations dont ils ont pu être victimes ou témoins. C’était intéressant de voir ce qu’ils avaient à dire, eux qui ont des origines culturelles variées et métis. Je vous en propose ici une petite sélection : 










On profite des jolis rayons de soleil de février pour faire
du français dans la cour!
Un photographe bosnien très connu viendra au début du mois de mars prendre les élèves en photo avec leur pancarte. Ces photos seront réunies sur un mur géant, regroupant toutes les photos des élèves des 8 écoles de Bosnie participantes. On a hâte de voir le résultat !

Sinon aujourd’hui j’ai expérimenté la papirologia bosnienne ! Pour mon permis de travail, il me fallait un certificat médical. Je suis donc allée (avec l’assistante avocate qui gère mes papiers) à l’hôpital. Pour vous la faire courte, ça a donné… ça :

Sans mentionner le médecin qui s’ennuyait dans son bureau poussiéreux et qui décida donc de me ressortir de sa mémoire (aussi poussiéreuse que son bureau !) TOUS les mots qu’il connaissait en fransucki ! « Ah ! Croissant ! » et puis en bosnien, s’adressant à l’avocate « a-t-elle déjà subi une opération ? » - puis, sans me laisser le temps de répondre « il fait froid, c’est l’hiver ! ». Dios mio, j’ai cru qu’on n’allait pas s’en sortir ! Il a fini par ENFIN signer le maudit papier, qu’on a vite fait attrapé avant qu’il ne commence à réciter les verbes irréguliers !

Autre topic. Depuis que je suis arrivée, je mets en place poco a poco une correspondance épistolaire entre ma nouvelle classe, et mon ancienne classe. Bon, je sais, mes élèves ont 10 ans d’écart, mais à peu de choses près ils ont le même niveau de français !  
On a donc acheté des cartes postales, puis on les a écrites, puis on les a postées ! La preuve en images !


C'est l'éclat' à la Poste!
Non mais c’est incroyable tout ce qu’il se passe dans cette école. Même si je passais mon temps à écrire des articles pour ce blog (mais je n’aurais pas le temps d’être une super prof’ dans ce cas, ahah !) je ne pourrais pas vous décrire toute la richesse de l’environnement de l’école. Sans parler des visites de galeries, des projets en tout genre, des rencontres avec des gens de l’extérieur, des cours de méditation, des séminaires de psychologie… les professeurs sont autant stimulés que les enfants ! Mais attention : stimulation oui, surmenage non ! Tout se fait dans un rythme très naturel et respectueux. Cette école est un véritable vivier d’inspiring people, toujours prêts à recevoir les nouvelles idées avec entrain. Rien n’est un problème, tout est imaginable. Ah, ça fait ziiiiizir ! 

Pour finir, une petite anecdote. Depuis que je suis arrivée dans l’école, les élèves (et leur humour de répétition !) ne cessent de chanter « Hello, it’s meee », quand ils me voient dans les couloirs. Tout à l’heure, j’étais en salle info avec Auguste, un élève francophone, quand Danis mit le clip. Je lui rétorquai « listen Danis, you can sing this song to me as much as you want, without me saying anything, if only you do it in French”. Ni une, ni deux, il trouva une version française. Et se mit à chanter à tue-tête ! C’était tellement drôle de le rouler comme ça dans la farine !! Il croit m’embêter alors qu’il travaille son français ! DIABOLIIIIQUE ! Bon, la version français est carrément pas terrible, mais ça a l’air du lui convenir ! Voyez plutôt : https://www.youtube.com/watch?v=z-WCNDAIkwQ 

Bon, vous l’aurez compris, dobro dobro Sarajevo !

lundi 8 février 2016

Đesi brate, Šta ima ?

Voilà ce que m'enseignent mes élèves: "Salut frère, quoi de neuf ?" J'ai cru qu'Ethan, 13 ans, allait avoir une crampe aux abdominaux quand j'ai relevé son pari et que j'ai dit cette phrase à une professeur de l'école. Cela dit, il était bien marri quand je lui ai demandé de le dire en français à son tour ! 
C'est rigolo, des adolescents. Il va sans dire que je suis bien plus à l'aise avec les petits de P1 (CP-CE1) ou de P2 (CE2-CM1-CM2) - ce doit être dû à mon expérience bien qu'elle soit assez menue! Je ne sais pas vraiment faire, avec les grands dadets! Mais apparemment le contact passe bien: les autres professeurs de l'école m'ont dit qu'elles avaient eu de bons échos des élèves, et je vois qu'ils viennent à mes cours sans (trop) traîner des pieds (bah oui, ce sont des adolescents quand même!). Mais qu'est-ce que c'est drôle quand je me rends compte que je les fais marrer, mais qu'ils veulent quand même garder leur air blasé! 
Une chouette nouvelle expérience qui m'ouvre d'autres horizons. 'sont pas si pires, finalement ! 

Au programme de la semaine: s'orienter/se déplacer dans la ville. Donner des directions/demander son chemin. J'ai une carte de Paris, des petits personnages de Légo, et c'est parti. La plupart des P3 est sur ce thème, avec des approches différentes en fonction du niveau et des objectifs de chacun (la différenciation les amis!). Les P2 verront plutôt les différents lieux de la ville et les moyens de transports, avec un petit jeu sur ce thème. La semaine dernière je leur ai créé un jeu des 7 familles pour qu'ils puissent mémoriser les membres de la famille : ils sont fans! Bon, il ne faut pas se leurrer, si je sors d'un périmètre de 5 mètres je pense qu'ils switchent en anglais, mais ça m'a fait plaisir de voir qu'ils s'étaient aussi bien approprié ce nouveau matériel!

Je potasse en ce moment un petit projet cuisine pour la semaine avant les vacances d'hiver, soit la semaine du 22. J'ai loupé la chandeleur mais on n'est pas à 20 jours près hein! C'est le décalage horaire :) .
Le thème du challenge sera donc: crêpes party ! La classe des P3 sera divisée en 2 groupes, et le but du jeu sera de réaliser une vidéo reprenant pas à pas toutes les étapes de la fabrication des crêpes - de la rédaction de la liste de courses à la dégustation! Lundi ce sera galette, et mardi crêpes à la farine blanche. Les élèves se répartiront les rôles dans chaque équipe, et ils réaliseront la vidéo au courant de la semaine. Le visionnage des vidéos se fera le vendredi. J'ai repris cette idée d'une séquence utopique pensée pour l'ESPE. Utopique, disais-je? Pas ici! Les enfants sont tellement autonomes et l'organisation tellement ouverte que personne n'a été surpris de mon idée à l'école. J'ai hâte de voir le résultat. 

En attendant, la semaine prochaine nous recevrons la visite d'une intervenante de l'Institut Français dans le cadre de la fête de la Francophonie, qui a lieu à la fin du mois de mars. Le thème de cette année est "des mots et des maux". Un photographe professionnel (apparemment, le meilleur photographe des Balkans du moment), viendra à l'école travailler avec les enfants à la réalisation de photos qui seront ensuite imprimées sur un mur près de l'Institut Français. 

Sur ce, stop au blabla et place aux images. Des petits bouts de Sarajevo, comme ça, en vrac. Ca vous donnera peut-être envie de venir me voir pendant ma semaine de vacances du 26 février au 6 mars, qui sait?! 

Ca, c'est une empreinte de bombes. La ville en est maculée, et
pour ne pas tout effacer et on recommence, les
Sarajevskos ont décidé de garder les traces sur le sol,
et de les souligner en remplissant les cavités de peinture rouge.
Poignant.

Coucher de soleil sur la Miljacka.

La neige jeudi dernier!

Une petite vidéo de l'appel à la prière... quelle impression de sérénité.

Petit jeu pour terminer: voici le lien pour le site internet de l'école. Je suis en photo sur la page d'accueil! Saurez-vous retrouver ma face de lémurien ?!

mercredi 3 février 2016

Premier week-end Sarajesko

Vendredi soir ! Yeay ! C’est le moment pour moi de reprendre mon souffle dans ce tsunami de nouveautés.

Le vendredi à l’école, c’est art day ! Moi j’en profite pour prendre les francophones. Au programme: lecture pour Lili et « quart de singe » pour les autres. Ca leur a bien plu, et sans s’en rendre compte, ils ont fait de l’orthographe… Mouhaha diabolique je suis !
Après m’être occupée d’eux, j’ai aidé Auguste et Livina à réparer un fauteuil (en fait, art day c’est activités manuelles day : réparation de fauteuils, fabrication de masques pour la pièce de théâtre, peu importe le projet auquel on veut donner un coup de main, l’idée c’est de participer).

Ma photo de présentation sur le site de l'école !

L’après-midi, nous avons eu la visite d’un artiste. Claire, la professeure d’arts visuels, a une galerie d’art en centre ville avec son mari – le Duplex 100m². Du coup, elle emmène régulièrement les enfants voir les expositions et rencontrer les artistes. Cette semaine, c’était  Bojan Stojčić. Il est donc venu nous rendre visite à l’école. Il a présenté son œuvre et a répondu aux questions des enfants (bien rigolotes pour certaines). 



Le soir, j’avais rendez-vous à l’Institut Français pour un atelier de conversation. On était une petite dizaine, des gens très sympas voulant pratiquer le français, et deux autres francophones (un suisse et un français, le directeur des cours de langues à l’Institut). C’était chouette, on va répéter l’expérience tous les vendredis soirs. Ensuite, place à la découverte de la night-life de la ville ! Nous sommes allés dans une vieille brasserie de l’autre côté de la rivière pour diner (j’ai pris le seul plat végétarien de la carte : des petits pains frits avec du fromage et du caiman une sorte de crème servie comme des boules de glace). Et nous nous sommes ensuite fourvoyés dans la vieille ville pour visiter deux-trois bars ! Cool.

Samedi, ma coloc’ Sanela et moi sommes allées à la montagne, prendre un peu l’air (frais, bien frais !). En une demi-heure de bus depuis le centre-ville, nous voilà sur les pistes de ski ! 




Malheureusement, la neige n’est pas au rendez-vous cette année. Mais nous ça nous a permis de crapahuter sur les pistes et de jouer dans la neige. Avec tout en haut, un joli panorama à la clé !

Les ruines d'un hôtel construit pour les JO 84






Cette journée nous a permis de bien discuter, notamment de la guerre. Ce thème revient souvent ici. Très souvent. Les murs de Sarajevo en portent les stigmates (cf photo de la fenêtre de ma cuisine ci-dessous) mais c’est surtout le peuple qui frissonne encore des échos des obus. 



La conversation a commencé quand je me suis rendue compte qu’à cet endroit nous n’étions plus en Fédération de BH mais en Republika Serbrska. De drôles de symboles étaient tagués à droite à gauche, sur les murs des édifices en ruine des JO 84. Sanela m’a bien tout expliqué, c’était vraiment très intéressant. 

Volim te Sarajevo - Je t'aime Sarajevo

Dimanche, c’est le marché ! Je vous balance les photos de ma première expérience en bosnien, sans vous cacher que j’avais une anti-sèche dans ma poche !






 Il m’est arrivé plusieurs péripéties (aka je fais tomber une liasse de billets sans m’en rendre compte, liasse qu’une charmante petite fille m’a rapporté ; ou encore je laisse mes pommes-de-terre sur le premier banc obligeant le marchand à me courir après dans toutes les halles !). Mais résultat : le frigo est rempli pour la semaine ! 


En fin d’après-midi, je rejoins Alex, le suisse de l’Institut, pour visiter une exposition sur le massacre de Srebenica. Et bien… il faut s’accrocher hein ! 
Srebenica (srébrénitza) est un petit village à l’Est de la Bosnie. Durant la guerre (1992-1995), il a été le lieu de refuge pour le peuple Musulman de Bosnie persécuté par les Serbes de Bosnie dans tout le pays. Cette zone était en effet une zone de paix « protégée » <sourcils en l’air, yeux au ciel, index et majeurs mimant les guillemets> par 400 casques bleus des Nations Unies. Afin de faire régner la paix et montrer le bon exemple certainement, ces militaires n’avaient pour ordre de ne PAS ouvrir le feu, en aucun cas. Mais alors AUCUN cas. Genre, le 11 juillet 1995, quand les Serbes décident de décimer toute la population masculine du village. On a dit en AUCUN cas. Ouais, non, un ordre est un ordre hein ! Pas bougés…
Résultat ? 8000 personnes massacrées, aucun être masculin épargné, bébés et vieillards inclus. Des familles décimées, des femmes cherchant toujours les  restes de leurs proches 10 ans plus tard… 
Un musée coup de  point, très  intéressant, un poil orienté (mais comment ne pas l’être ?), ou l’art et l’histoire ne font qu’un (photographies, films…). 

Pour finir la journée il fallait bien un petit salep dans la vieille ville ottomane pour se remettre de ses émotions !

Quand je vous disais que l’histoire est encore très présente ici, elle l’est même chez les enfants n’ayant pas connu le conflit. On dit que les syndromes post-traumatiques se transmettent de génération en génération… la preuve : cette semaine, nous écrivons des cartes postales à la classe de l’école maternelle dans laquelle je travaillais à Toulouse pour commencer une correspondance. Alors que je demandais à un groupe d’écrire une phrase sur ce qu’ils aiment ou ce qu’ils n’aiment pas à Sarajevo, une petite fille écrit : « j’aime les pita, mais je n’aime pas les mines ». Innocemment, je lui réponds : « Ah, je ne savais pas qu’il y a avait beaucoup de mines autour de Sarajevo. Ce sont des mines de quoi ? ». Elle me regarde d’un air dédaigneux comme seule une adolescente de 13 ans en a le secret : « no, ‘mines’, like bombs ! ».
Je ne sais pas si les petits Toulousains comprendront la référence…! Comme moi, ils s’attendraient peut-être à une réponse du type les chiens errants, ou la pollution…

Ci-dessus des photos en vrac de la ville, de l’école, de ma vie ici !

Coucher de soleil depuis la cour de l'école

Une des nombreuses mosquées dans le quartier de l'école

Centre-ville: le tramway

Sur le chemin de l'école

La Sebil ou place aux pigeons, en plein coeur du quartier ottoman

Petite épicerie dans le quartier de l'école

Ferme - voisine de l'école