Vendredi soir ! Yeay ! C’est le moment pour moi de reprendre mon souffle dans ce tsunami de nouveautés.
Le vendredi à l’école, c’est art day ! Moi j’en profite pour prendre les francophones. Au programme: lecture pour Lili et « quart de singe » pour les autres. Ca leur a bien plu, et sans s’en rendre compte, ils ont fait de l’orthographe… Mouhaha diabolique je suis !
Après m’être occupée d’eux, j’ai aidé Auguste et Livina à réparer un fauteuil (en fait, art day c’est activités manuelles day : réparation de fauteuils, fabrication de masques pour la pièce de théâtre, peu importe le projet auquel on veut donner un coup de main, l’idée c’est de participer).
|
Ma photo de présentation sur le site de l'école ! |
L’après-midi, nous avons eu la visite d’un artiste. Claire, la professeure d’arts visuels, a une galerie d’art en centre ville avec son mari – le Duplex 100m². Du coup, elle emmène régulièrement les enfants voir les expositions et rencontrer les artistes. Cette semaine, c’était Bojan Stojčić. Il est donc venu nous rendre visite à l’école. Il a présenté son œuvre et a répondu aux questions des enfants (bien rigolotes pour certaines).
Le soir, j’avais rendez-vous à l’Institut Français pour un atelier de conversation. On était une petite dizaine, des gens très sympas voulant pratiquer le français, et deux autres francophones (un suisse et un français, le directeur des cours de langues à l’Institut). C’était chouette, on va répéter l’expérience tous les vendredis soirs. Ensuite, place à la découverte de la night-life de la ville ! Nous sommes allés dans une vieille brasserie de l’autre côté de la rivière pour diner (j’ai pris le seul plat végétarien de la carte : des petits pains frits avec du fromage et du caiman une sorte de crème servie comme des boules de glace). Et nous nous sommes ensuite fourvoyés dans la vieille ville pour visiter deux-trois bars ! Cool.
Samedi, ma coloc’ Sanela et moi sommes allées à la montagne, prendre un peu l’air (frais, bien frais !). En une demi-heure de bus depuis le centre-ville, nous voilà sur les pistes de ski !
Malheureusement, la neige n’est pas au rendez-vous cette année. Mais nous ça nous a permis de crapahuter sur les pistes et de jouer dans la neige. Avec tout en haut, un joli panorama à la clé !
|
Les ruines d'un hôtel construit pour les JO 84 |
Cette journée nous a permis de bien discuter, notamment de la guerre. Ce thème revient souvent ici. Très souvent. Les murs de Sarajevo en portent les stigmates (cf photo de la fenêtre de ma cuisine ci-dessous) mais c’est surtout le peuple qui frissonne encore des échos des obus.
La conversation a commencé quand je me suis rendue compte qu’à cet endroit nous n’étions plus en Fédération de BH mais en Republika Serbrska. De drôles de symboles étaient tagués à droite à gauche, sur les murs des édifices en ruine des JO 84. Sanela m’a bien tout expliqué, c’était vraiment très intéressant.
|
Volim te Sarajevo - Je t'aime Sarajevo |
Dimanche, c’est le marché ! Je vous balance les photos de ma première expérience en bosnien, sans vous cacher que j’avais une anti-sèche dans ma poche !
Il m’est arrivé plusieurs péripéties (aka je fais tomber une liasse de billets sans m’en rendre compte, liasse qu’une charmante petite fille m’a rapporté ; ou encore je laisse mes pommes-de-terre sur le premier banc obligeant le marchand à me courir après dans toutes les halles !). Mais résultat : le frigo est rempli pour la semaine !
En fin d’après-midi, je rejoins Alex, le suisse de l’Institut, pour visiter une exposition sur le massacre de Srebenica. Et bien… il faut s’accrocher hein !
Srebenica (srébrénitza) est un petit village à l’Est de la Bosnie. Durant la guerre (1992-1995), il a été le lieu de refuge pour le peuple Musulman de Bosnie persécuté par les Serbes de Bosnie dans tout le pays. Cette zone était en effet une zone de paix « protégée » <sourcils en l’air, yeux au ciel, index et majeurs mimant les guillemets> par 400 casques bleus des Nations Unies. Afin de faire régner la paix et montrer le bon exemple certainement, ces militaires n’avaient pour ordre de ne PAS ouvrir le feu, en aucun cas. Mais alors AUCUN cas. Genre, le 11 juillet 1995, quand les Serbes décident de décimer toute la population masculine du village. On a dit en AUCUN cas. Ouais, non, un ordre est un ordre hein ! Pas bougés…
Résultat ? 8000 personnes massacrées, aucun être masculin épargné, bébés et vieillards inclus. Des familles décimées, des femmes cherchant toujours les restes de leurs proches 10 ans plus tard…
Un musée coup de point, très intéressant, un poil orienté (mais comment ne pas l’être ?), ou l’art et l’histoire ne font qu’un (photographies, films…).
Pour finir la journée il fallait bien un petit salep dans la vieille ville ottomane pour se remettre de ses émotions !
Quand je vous disais que l’histoire est encore très présente ici, elle l’est même chez les enfants n’ayant pas connu le conflit. On dit que les syndromes post-traumatiques se transmettent de génération en génération… la preuve : cette semaine, nous écrivons des cartes postales à la classe de l’école maternelle dans laquelle je travaillais à Toulouse pour commencer une correspondance. Alors que je demandais à un groupe d’écrire une phrase sur ce qu’ils aiment ou ce qu’ils n’aiment pas à Sarajevo, une petite fille écrit : « j’aime les pita, mais je n’aime pas les mines ». Innocemment, je lui réponds : « Ah, je ne savais pas qu’il y a avait beaucoup de mines autour de Sarajevo. Ce sont des mines de quoi ? ». Elle me regarde d’un air dédaigneux comme seule une adolescente de 13 ans en a le secret : « no, ‘mines’, like bombs ! ».
Je ne sais pas si les petits Toulousains comprendront la référence…! Comme moi, ils s’attendraient peut-être à une réponse du type les chiens errants, ou la pollution…
Ci-dessus des photos en vrac de la ville, de l’école, de ma vie ici !
|
Coucher de soleil depuis la cour de l'école |
|
Une des nombreuses mosquées dans le quartier de l'école |
|
Centre-ville: le tramway |
|
Sur le chemin de l'école |
|
La Sebil ou place aux pigeons, en plein coeur du quartier ottoman |
|
Petite épicerie dans le quartier de l'école |
|
Ferme - voisine de l'école |