dimanche 19 février 2017

Cornwall : veaux, agneaux et citron-gingembre

Non, ceci n’est pas une recette de cuisine anglaise mais bien le résumé de notre première semaine chez Jon, Trina et Fleur (leur fille de 13 ans) à côté de Newquay dans les Cornouailles. Nous avons débarqué mardi soir à la ferme. Super accueil dans un petit coin enchanté. Nous logeons dans un des cottages qu’ils louent l’été (trop classe, notre propre petite maison !). Bon, il n’y a que deux petits radiateurs électriques pour deux étages (d’où le citron-gingembre à toute heure du jour et de la nuit), mais on est content d’avoir notre petit chez nous !

Attention, on change d’échelle dans cette ferme ! Plus d’une  soixantaine de vaches, une quarantaine de moutons, deux cochons, une dizaine de poules et de canards (dont Nugget, la poule aveugle qui vit dans la maison avec eux), deux chiens et deux chevaux. Nous sommes chez de vrais amoureux de la nature et des animaux, ça fait du bien de voir tout le respect avec lequel ils traitent l’une comme l’autre. L’eau courante de la maison provient de la source naturelle du jardin, l’électricité est fournie en journée par des panneaux solaires (d’où le citron-gingembre, quand on imagine le taux d’ensoleillement de l’Angleterre.. ! Même si on ne peut pas se plaindre, il fait plutôt beau par ici). A la nourriture des bêtes, Jon ajoute tous les matins une pincée d’ail en poudre, pour aider à combattre les bactéries malvenues de manière naturelle. « Come on sweetheart ! How are you this morning my lovely ? What's up, my darling ? ”, voilà comment on parle aux animaux, à Hendra Croft Farm ! 


La brebis et ses petits jumeaux !


Conversation passionnée avec une truie

Free range hens devant la ferme


L’été, les animaux sont aux champs. La famille se dédie donc à une autre activité (malheureusement plus rentable que la ferme dans la région…) : le tourisme. Ainsi, ils proposent le fameux Cornish Cream Tea (thé et scones, servis avec crème et confiture) dans le petit verger de la maison de Grannie, la grand-mère presque centenaire, qui vit à côté de chez nous. En parallèle, le couple a rénové une dépendance de la ferme en deux cottages qu’ils louent à la belle saison.
L’hiver, les animaux ne sortent pas aux prés car le sol est trop humide (les demi-tonnes des Aberdeen Angus feraient de la belle prairie un champ de bataille boueux et bouseux en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire !). Ainsi, les vaches ont à leur disposition des hangars pour la nuit et des zones donnant sur l’extérieur pour la journée. Alors, moutons, vaches et cochons vivent tous tout à côté de la maison où ils ont leur propre cottage, eux aussi ! D’ailleurs au moment où je vous parle écris, un bovin est en train de donner de la voix. Elles nous réveillent tous les matins, ces coquines ! Pas moyen de les oublier, même le week-end !

Coucou toi !

Le verger des Cream Teas

L’arbre à théière ! Regardez bien !


Pourquoi y a-t-il un toilette dans l’arbre ? Il a une histoire. Le grand-père de Jon vivait dans la ferme il y a encore quelques années. En fouinant dans le tas de vieilles affaires que Jon avaient destinées à la déchèterie, le grand-père récupéra ce toilette, et le rangea dans l’établi. Peu de temps après, Jon le retrouva et, pensant qu’il l’avait oublié là, il le remit sur la pile de déchets. Quelques jours plus tard, Jon emmena les affaires à la déchèterie quand il se rendit compte que le toilette avait disparu de la pile ! Ca alors… Il a fallu attendre des années pour que Jon retrouve ledit cabinet au fond d’une remise, bien après que le grand-père ait quitté les lieux… Ainsi, en son honneur, Jon a décidé de le déposer entre les branches de cet arbre et d’en faire un pot de fleur. Bel hommage !

Les ruches qui pour l’instant hibernent

Mais que fait-on au milieu de tout ce joyeux bazar, vous vous demandez ? Eh bien, on ne chôme pas ! Il y a TOUJOURS quelque chose à faire dans une telle ferme. D’autant que Trina a du reprendre un travail à mi-temps de femme de ménage au pub voisin tous les matins, l’économie de la ferme n’étant pas au beau fixe… Qu’il est dur de s’opposer à la dictature des supermarchés et de la consommation, dans le milieu de l’agriculture ! Mais Jon & Trina ne cèdent pas à la tentation du profit à tout prix, et souhaitent très clairement garder leur ferme telle qu’elle est. A l’automne dernier, Jon est allé vendre ses moutons, élevés avec respect, amour et air pur. 25 livres. C’est tout ce qu’on voulait lui en donner… Une trentaine d’euros pour une bête d’une cinquantaine de kilos ! La raison ? Les moutons venus d’ailleurs… Nouvelle-Zélande, pour la plupart, où d’immenses exploitations déversent leur centaine de milliers de bêtes à bas prix dans les supermarchés du monde entier. Résultat, on préfère acheter de la chair élevée à plus de 20’000 km que celle de la ferme d’à côté... Et c’est pareil pour les vaches. Jon élève la très belle race d’Aberdeen Angus. Il a aussi une Limousine, la star du troupeau (Grace de son petit nom). Pour continuer de vendre sa viande au supermarché du coin, on lui a demandé de faire du bétail plus petit et plus musclé. « A steak with four legs, they want ! ». Alors Jon a refusé de travailler avec eux, il ne les vend maintenant qu’au boucher qui, lui, en apprécie la qualité. Mais en réduisant ses acheteurs potentiels, malheureusement Jon réduit aussi son bénéfice, et donc la bourse familiale… Ce n’est pas facile de tenir tête au système ! Mais quand on voit ce genre d’initiatives, ça fait chaud au cœur. Je suis très contente de pouvoir donner un petit coup de pince dans cette maison !

Oups, je m’égare… reprenons. Qu’est-ce qu’on fait, si on ne s’ennuie pas ? Alors, tout commence le matin à 8h30, bottés et gantés, devant les enclos des animaux. Meuuuuh ! Beeeeh ! Biiiiih ! (ça ce sont les agneaux). C’est l’heure du petit dej’ pour eux ! Foin, grains, eau, on compte sur nous. D’abord les moutons, puis les vaches. Vendredi par exemple, tout avait bien commencé. Les animaux nourris, nous nous apprêtions à aller prendre notre petite pause café dans la cuisine aux alentours de 10h30. Les vaches défilant devant moi, je note un mucus un peu douteux sortir du postérieur d’une d’entre elles. « Euh, Jon, c’est quoi ça ? » « Ah, elle va bientôt accoucher ! ». On l’a donc mise dans une petite étable en solo, histoire qu’elle soit tranquille. En nous en retournant, direction la cuisine, Jon avise quelque chose dans le pré des moutons. Tiens, un agneau ! Il fallait rapatrier mère et enfant dans l’étable. Suivant les conseils de Jon, je me suis approchée tout doucement d’eux, j’ai pris le petit agneau encore tout chaud et tout mouillé dans mes bras, et je l’ai emmené dans l’étable en laissant trainer ses deux pattes arrière sur le sol pour que sa maman ne perde pas sa trace olfactive. Que c’était émouvant ! Une fois dans l’étable, nous sommes effectivement allés prendre notre café. Deux toasts plus tard, on décide de se retrouver dans un quart d’heure, le temps pour Jon d’aller faire un coucou à sa grand-mère. En partant, il passe devant l’enclos de l’agneau récemment déménagé et de sa mère, et… tiens tiens, c’est quoi ça, sous sa queue ? Une tête ! Voilà le petit jumeau, qui arrive sans prévenir ! Mais pas de la bonne manière… la position la tête la première ne permet pas à l’agneau de passer au niveau de ses épaules. Il faut qu’il ait au moins une patte d’abord. Ainsi, nous avons assisté Jon lorsqu’il a remis la tête d’où elle venait, fouillé dans le bazar jusqu’à mettre la main sur une patte. Alex maintenait la tête de la maman au sol alors que je secondais Jon à l’arrière-train. Ouf ! Il est sorti ! Et très vaillant, le petit gars ! Après ce joli moment, nous avons créé un hangar à moutons pour qu’ils rentrent la nuit, car ceux-ci vont bientôt pouvoir sortir gambader dans les prés. Ensuite, nous avons déménagé les deux sœurs cochons de leur enclos jusqu’à une étable plus grande. Une épopée ! Mais cela nous a moins fait transpirer que nos tâches suivantes : alors qu’Alex nettoyait la bouse au balais-brosse dans la zone des vaches, Jon m’a appris à choper, immobiliser, puis retourner un mouton jusqu’à l’avoir entre mes jambes, assis sur son derrière (trop chou d’ailleurs cette position !). Bon, ça n’a pas toujours été une réussite et j’ai encore des courbatures aux bras, mais j’ai bien rigolé ! Nous avons ainsi pu les marquer pour pouvoir les reconnaitre une fois qu’ils seront dans le pré. Le temps de nous retrouver, quand tout à coup… que fait la vache qui allait bientôt accoucher ? Ca fait déjà des heures qu’elle est entrée en travail (j’avais même vu son ventre contracter le matin), mais rien ne se passe. Jon est allé voir de plus près, et a décidé qu’il fallait l’aider. En effet, cette brave vache allait être mère pour la première fois. Soudain, nous apercevons un sabot, deux sabots et des petites pattes. Super ! Mais il faut tirer, cela prend trop de temps. Nous allons chercher des cordes et attachons les pattes du petit veau. En suivant les contractions de la maman, nous devions tirer tous les 4 (Jon, Trina, Alex et moi) pour l’assister et l’aider.  Ouf la tête sort ! Il respire, il ouvre les yeux ! Mais les hanches sont toujours coincées !! Quinze minutes plus tard, nous étions toujours au même point, essayant de réanimer sporadiquement le veau qui semblait ne pas apprécier cette situation… Jon décide donc d’appeler le vétérinaire. Nous tirons encore, mais rien ne vient. Et tout à coup, PAF ! Le veau arrive ! Mais PAF ! L’utérus aussi ! « Oh no, prolapse ». Heureusement que le vétérinaire était déjà en route. Le veau va bien mais la vache est en souffrance. Nous regardons cela, spectateurs impuissants. Je pose une question à Alex mais j’entends sa voix un peu faiblarde. Oups, il est un peu palot. Moins non plus, je ne me sens pas très bien en fait. Du sang jusque sur les joues, tout tremblotants de ce que l’on vient de vivre, nous prenons un bon bol d’air frais. Quand l’adrénaline redescend, on se rend compte que c’est quand même sacrément impressionnant ! Quelques heures plus tard, le véto s’en va, la vache et le petit vont bien ! Pendant son intervention, Trina, Alex et moi avons nourri et préparé les litières de tous les animaux pour la nuit avec de la bonne paille fraîche. 18h30, ouf, la journée est finie. Enfin, pour nous… elle n’est jamais vraiment finie pour les fermiers, qui se lèvent la nuit pour nourrir les agneaux qui ne peuvent pas téter, qui surveillent les vaches prêtent à vêler…. La ferme, plus qu’un métier, un mode de vie, à 100% ! Jon et Trina ont à cœur de nous enseigner leur métier, ils nous font confiance et prennent le temps de nous expliquer les choses deux fois quand un mouton se fait la malle ! Bref, nous vivons des expériences très riches, « hands-on » comme ils disent ici (et c’est le cas de le dire !).


On était quand même bien content d’être en week-end pour pouvoir se reposer et se remettre de nos sales rubhes. Samedi, petite balade à Perranporth, village côtier à quelques miles de là, pour voir la mer et les falaises. Puis dimanche passé en hibernation dans notre cottage. Vivement lundi !

Sur le chemin de Perranporth, à travers champs



Dunes et océan









Pasties, spécialités de la région (sorte de chaussons à la viande ou aux légumes)

Haute gastronomie

Les poulettes dans leur demeure

La ferme

Notre logis!




Brouette, foin et… planche de surf ! La côte Nord des Cornouailles est connue internationalement pour être un super spot de surf. Ici, le dimanche, nos fermiers se transforment en surfeurs !


"Je ne suis pas né de la dernière pluie!" Eh bien si, ton cordon ombilical n’est même pas encore tombé !

Nouveau né et sa mère


 « Circulez, y’a rien à voir ! »


Curiosité

Trina et son gros bébé !

Photo de famille


Les agneaux de l'an passé


:)


Les Beatles à la radio, ça inspire n°19 !

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