Non, ceci n’est
pas une recette de cuisine anglaise mais bien le résumé de notre première
semaine chez Jon, Trina et Fleur (leur fille de 13 ans) à côté de Newquay dans
les Cornouailles. Nous avons débarqué mardi soir à la ferme. Super accueil dans
un petit coin enchanté. Nous logeons dans un des cottages qu’ils louent l’été
(trop classe, notre propre petite maison !). Bon, il n’y a que deux petits
radiateurs électriques pour deux étages (d’où le citron-gingembre à toute heure
du jour et de la nuit), mais on est content d’avoir notre petit chez nous !
Attention, on
change d’échelle dans cette ferme ! Plus d’une soixantaine de vaches, une quarantaine de
moutons, deux cochons, une dizaine de poules et de canards (dont Nugget, la
poule aveugle qui vit dans la maison avec eux), deux chiens et deux chevaux.
Nous sommes chez de vrais amoureux de la nature et des animaux, ça fait du bien
de voir tout le respect avec lequel ils traitent l’une comme l’autre. L’eau
courante de la maison provient de la source naturelle du jardin, l’électricité
est fournie en journée par des panneaux solaires (d’où le citron-gingembre,
quand on imagine le taux d’ensoleillement de l’Angleterre.. ! Même si on
ne peut pas se plaindre, il fait plutôt beau par ici). A la nourriture des
bêtes, Jon ajoute tous les matins une pincée d’ail en poudre, pour aider à
combattre les bactéries malvenues de manière naturelle. « Come on sweetheart ! How are you
this morning my lovely ? What's up, my darling ? ”, voilà comment on parle aux animaux, à Hendra
Croft Farm !
|
La brebis et
ses petits jumeaux !
|
|
Conversation passionnée
avec une truie
|
|
Free range hens
devant la ferme
|
L’été, les
animaux sont aux champs. La famille se dédie donc à une autre activité
(malheureusement plus rentable que la ferme dans la région…) : le
tourisme. Ainsi, ils proposent le fameux Cornish Cream Tea (thé et scones,
servis avec crème et confiture) dans le petit verger de la maison de Grannie, la
grand-mère presque centenaire, qui vit à côté de chez nous. En parallèle, le
couple a rénové une dépendance de la ferme en deux cottages qu’ils louent à la
belle saison.
L’hiver, les
animaux ne sortent pas aux prés car le sol est trop humide (les demi-tonnes des
Aberdeen Angus feraient de la belle prairie un champ de bataille boueux et
bouseux en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire !). Ainsi, les
vaches ont à leur disposition des hangars pour la nuit et des zones donnant sur
l’extérieur pour la journée. Alors, moutons, vaches et cochons vivent tous tout
à côté de la maison où ils ont leur propre cottage, eux aussi ! D’ailleurs
au moment où je vous parle écris, un bovin est en train de donner de la
voix. Elles nous réveillent tous les matins, ces coquines ! Pas moyen de
les oublier, même le week-end !
|
Coucou toi !
|
|
Le verger des
Cream Teas
|
|
L’arbre à théière !
Regardez bien !
|
|
Pourquoi y
a-t-il un toilette dans l’arbre ? Il a une histoire. Le grand-père de Jon
vivait dans la ferme il y a encore quelques années. En fouinant dans le tas de
vieilles affaires que Jon avaient destinées à la déchèterie, le grand-père
récupéra ce toilette, et le rangea dans l’établi. Peu de temps après, Jon le
retrouva et, pensant qu’il l’avait oublié là, il le remit sur la pile de
déchets. Quelques jours plus tard, Jon emmena les affaires à la déchèterie
quand il se rendit compte que le toilette avait disparu de la pile ! Ca
alors… Il a fallu attendre des années pour que Jon retrouve ledit cabinet au
fond d’une remise, bien après que le grand-père ait quitté les lieux… Ainsi, en
son honneur, Jon a décidé de le déposer entre les branches de cet arbre et d’en
faire un pot de fleur. Bel hommage !
|
|
Les ruches qui
pour l’instant hibernent
|
Mais que
fait-on au milieu de tout ce joyeux bazar, vous vous demandez ? Eh bien,
on ne chôme pas ! Il y a TOUJOURS quelque chose à faire dans une telle
ferme. D’autant que Trina a du reprendre un travail à mi-temps de femme de
ménage au pub voisin tous les matins, l’économie de la ferme n’étant pas au
beau fixe… Qu’il est dur de s’opposer à la dictature des supermarchés et de la
consommation, dans le milieu de l’agriculture ! Mais Jon & Trina ne
cèdent pas à la tentation du profit à tout prix, et souhaitent très clairement
garder leur ferme telle qu’elle est. A l’automne dernier, Jon est allé vendre
ses moutons, élevés avec respect, amour et air pur. 25 livres. C’est tout ce qu’on
voulait lui en donner… Une trentaine d’euros pour une bête d’une cinquantaine
de kilos ! La raison ? Les moutons venus d’ailleurs…
Nouvelle-Zélande, pour la plupart, où d’immenses exploitations déversent leur
centaine de milliers de bêtes à bas prix dans les supermarchés du monde entier.
Résultat, on préfère acheter de la chair élevée à plus de 20’000 km que celle
de la ferme d’à côté... Et c’est pareil pour les vaches. Jon élève la très
belle race d’Aberdeen Angus. Il a aussi une Limousine, la star du troupeau
(Grace de son petit nom). Pour continuer de vendre sa viande au supermarché du
coin, on lui a demandé de faire du bétail plus petit et plus musclé. « A
steak with four legs, they want ! ». Alors Jon a refusé de travailler
avec eux, il ne les vend maintenant qu’au boucher qui, lui, en apprécie la
qualité. Mais en réduisant ses acheteurs potentiels, malheureusement Jon réduit
aussi son bénéfice, et donc la bourse familiale… Ce n’est pas facile de tenir
tête au système ! Mais quand on voit ce genre d’initiatives, ça fait chaud
au cœur. Je suis très contente de pouvoir donner un petit coup de pince dans
cette maison !
Oups, je m’égare…
reprenons. Qu’est-ce qu’on fait, si on ne s’ennuie pas ? Alors, tout
commence le matin à 8h30, bottés et gantés, devant les enclos des animaux.
Meuuuuh ! Beeeeh ! Biiiiih ! (ça ce sont les agneaux). C’est l’heure
du petit dej’ pour eux ! Foin, grains, eau, on compte sur nous. D’abord
les moutons, puis les vaches. Vendredi par exemple, tout avait bien commencé.
Les animaux nourris, nous nous apprêtions à aller prendre notre petite pause
café dans la cuisine aux alentours de 10h30. Les vaches défilant devant moi, je
note un mucus un peu douteux sortir du postérieur d’une d’entre elles. « Euh,
Jon, c’est quoi ça ? » « Ah, elle va bientôt accoucher ! ».
On l’a donc mise dans une petite étable en solo, histoire qu’elle soit
tranquille. En nous en retournant, direction la cuisine, Jon avise quelque
chose dans le pré des moutons. Tiens, un agneau ! Il fallait rapatrier
mère et enfant dans l’étable. Suivant les conseils de Jon, je me suis approchée
tout doucement d’eux, j’ai pris le petit agneau encore tout chaud et tout
mouillé dans mes bras, et je l’ai emmené dans l’étable en laissant trainer ses
deux pattes arrière sur le sol pour que sa maman ne perde pas sa trace
olfactive. Que c’était émouvant ! Une fois dans l’étable, nous sommes
effectivement allés prendre notre café. Deux toasts plus tard, on décide de se
retrouver dans un quart d’heure, le temps pour Jon d’aller faire un coucou à sa
grand-mère. En partant, il passe devant l’enclos de l’agneau récemment déménagé
et de sa mère, et… tiens tiens, c’est quoi ça, sous sa queue ? Une tête !
Voilà le petit jumeau, qui arrive sans prévenir ! Mais pas de la bonne
manière… la position la tête la première ne permet pas à l’agneau de passer au
niveau de ses épaules. Il faut qu’il ait au moins une patte d’abord. Ainsi,
nous avons assisté Jon lorsqu’il a remis la tête d’où elle venait, fouillé dans
le bazar jusqu’à mettre la main sur une patte. Alex maintenait la tête de la maman
au sol alors que je secondais Jon à l’arrière-train. Ouf ! Il est sorti !
Et très vaillant, le petit gars ! Après ce joli moment, nous avons créé un
hangar à moutons pour qu’ils rentrent la nuit, car ceux-ci vont bientôt pouvoir
sortir gambader dans les prés. Ensuite, nous avons déménagé les deux sœurs cochons
de leur enclos jusqu’à une étable plus grande. Une épopée ! Mais cela nous
a moins fait transpirer que nos tâches suivantes : alors qu’Alex nettoyait
la bouse au balais-brosse dans la zone des vaches, Jon m’a appris à choper,
immobiliser, puis retourner un mouton jusqu’à l’avoir entre mes jambes, assis
sur son derrière (trop chou d’ailleurs cette position !). Bon, ça n’a pas
toujours été une réussite et j’ai encore des courbatures aux bras, mais j’ai
bien rigolé ! Nous avons ainsi pu les marquer pour pouvoir les reconnaitre
une fois qu’ils seront dans le pré. Le temps de nous retrouver, quand tout à
coup… que fait la vache qui allait bientôt accoucher ? Ca fait déjà des
heures qu’elle est entrée en travail (j’avais même vu son ventre contracter le
matin), mais rien ne se passe. Jon est allé voir de plus près, et a décidé qu’il
fallait l’aider. En effet, cette brave vache allait être mère pour la première
fois. Soudain, nous apercevons un sabot, deux sabots et des petites pattes. Super !
Mais il faut tirer, cela prend trop de temps. Nous allons chercher des cordes
et attachons les pattes du petit veau. En suivant les contractions de la maman,
nous devions tirer tous les 4 (Jon, Trina, Alex et moi) pour l’assister et l’aider. Ouf la tête sort ! Il respire, il ouvre
les yeux ! Mais les hanches sont toujours coincées !! Quinze minutes
plus tard, nous étions toujours au même point, essayant de réanimer
sporadiquement le veau qui semblait ne pas apprécier cette situation… Jon
décide donc d’appeler le vétérinaire. Nous tirons encore, mais rien ne vient.
Et tout à coup, PAF ! Le veau arrive ! Mais PAF ! L’utérus aussi !
« Oh no, prolapse ». Heureusement que le vétérinaire était déjà en
route. Le veau va bien mais la vache est en souffrance. Nous regardons cela,
spectateurs impuissants. Je pose une question à Alex mais j’entends sa voix un
peu faiblarde. Oups, il est un peu palot. Moins non plus, je ne me sens pas
très bien en fait. Du sang jusque sur les joues, tout tremblotants de ce que l’on
vient de vivre, nous prenons un bon bol d’air frais. Quand l’adrénaline
redescend, on se rend compte que c’est quand même sacrément impressionnant !
Quelques heures plus tard, le véto s’en va, la vache et le petit vont bien !
Pendant son intervention, Trina, Alex et moi avons nourri et préparé les
litières de tous les animaux pour la nuit avec de la bonne paille fraîche.
18h30, ouf, la journée est finie. Enfin, pour nous… elle n’est jamais vraiment
finie pour les fermiers, qui se lèvent la nuit pour nourrir les agneaux qui ne
peuvent pas téter, qui surveillent les vaches prêtent à vêler…. La ferme, plus
qu’un métier, un mode de vie, à 100% ! Jon et Trina ont à cœur de nous
enseigner leur métier, ils nous font confiance et prennent le temps de nous
expliquer les choses deux fois quand un mouton se fait la malle ! Bref,
nous vivons des expériences très riches, « hands-on » comme ils
disent ici (et c’est le cas de le dire !).
On était quand
même bien content d’être en week-end pour pouvoir se reposer et se remettre de
nos sales rubhes. Samedi, petite balade à Perranporth, village côtier à
quelques miles de là, pour voir la mer et les falaises. Puis dimanche passé en
hibernation dans notre cottage. Vivement lundi !
|
Sur le chemin
de Perranporth, à travers champs
|
|
Dunes et océan |
|
Pasties,
spécialités de la région (sorte de chaussons à la viande ou aux légumes)
|
|
Haute gastronomie |
|
Les poulettes
dans leur demeure
|
|
La ferme |
|
Notre logis! |
|
Brouette, foin
et… planche de surf ! La côte Nord des Cornouailles est connue
internationalement pour être un super spot de surf. Ici, le dimanche, nos
fermiers se transforment en surfeurs !
|
|
"Je ne suis pas né de la dernière pluie!" Eh bien si, ton cordon ombilical n’est même pas encore tombé !
|
|
Nouveau né et
sa mère
|
|
« Circulez, y’a rien à voir ! »
|
|
Curiosité |
|
Trina et son
gros bébé !
|
|
Photo de famille |
|
Les agneaux de l'an passé |
|
:) |
|
Les Beatles à
la radio, ça inspire n°19 !
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire